Une lecture du discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône 2025 : Entre continuité, réforme sociale et volonté d’apaisement régional


Il appartient à un royaume spécial des discours royaux, celui de la Fête du Trône. Le ton en est toujours pesé et équilibré, car l’innovation n’est pas dans la nature du Roi. Cette année encore, à l’occasion du 26e anniversaire de son accession au trône, Sa Majesté le Roi Mohammed VI s’est adressé à la nation et a expliqué que dans un monde où l’instabilité international fait rage, nous retrouvons toujours la même équitation marocaine: une même conjonction entre tradition et modernité, justice sociale. Le discours royal de 2025 suit bien entendu cette norme. Mais sa portée est encore plus étendue.

La parole transmise par les actes

Le ton ouvert et apaisant du discours a directement fait face à ces préjugés. Le Roi n’a pas tenté de présenter les choses sous un jour trop séduisant; il a clairement évoqué les défis auxquels le Maroc est confronté sur les plans économique et social, tout comme de nombreux autres pays, à savoir l’inflation, la cherté de la vie, l’emploi des jeunes. « Naturellement », ce ne sont pas des faits extérieurs mais des urgences qui appellent un effort direct de l’État, comme il l’a souligné.

Mais, fidèle à sa manière, le Souverain n’a pas succombé à l’angoisse. Son discours est resté serein, tourné vers l’avenir, parce que le Maroc, qui peut compter sur son capital humain et des institutions publiques solides, est en mesure de transformer la difficulté en opportunité.

L’importance centrale de la justice sociale

Un fil conducteur traverse tout discours : la justice sociale. Mohammed VI l’a affirmé et réitéré, en insistant sur la nécessité d’abandonner dès à présent les réformes purement techniques. Selon ses propres termes, « il est nécessaire maintenant de donner un corps à l’équité » – penser aux mécanismes de redistribution au cas par cas, renforcer la transparence politique et orienter les politiques publiques vers ceux qui en ont le plus besoin.

Pour Mohammed VI, le problème central n’est pas tant de savoir si l’on politisera la jeunesse que de faire aujourd’hui des promesses pour l’avenir, et pas uniquement cela. Le roi a dit sans équivoque que 2025 se doit également et avant tout d’être la jeunesse en tant que participante présente, et non plus seulement future.

Il a appelé à la réforme des systèmes d’éducation et de formation professionnelle, mais aussi à la promotion de l’entrepreneuriat, de l’économie numérique, et de nouvelles formes d’engagement civique. Un appel clair à redonner confiance à une génération qui a souvent été laissée de côté dans le cadre de l’effort national.

Une nouvelle vision pour le territoire

Le Roi a rappelé que la construction de la cohésion territoriale ne saurait être esquivée dans l’épopée du développement. Il a plaidé pour une approche plus équitable de l’aménagement du territoire, contre la partition du Maroc en zone « utile » et zone « oubliée ». Sa démarche en faveur des provinces du Sud, des campagnes et des périphéries balnéaires des villes s’inscrivait bien comme un acte de souveraineté fédératrice.

Le discours sur le Nouveau Modèle de Développement, lancé en 2021, est devenu pour lui un moyen d’action capital qu’il ne faudrait pas laisser sans suite, mais bien lier à des projets concrets, que les collectivités locales soutiendront en partenariat avec l’État central.

Une diplomatie habile pour préserver la souveraineté nationale

Sur la scène internationale, Mohammed VI a clairement réitéré la position de son pays : attachement à la souveraineté du Maroc, notamment concernant le Sahara occidental. Il préconise néanmoins une diplomatie fondée sur le partenariat, la construction et non la passivité.

Son objectif était de souligner les progrès et les nouveaux partenaires trouvés en Afrique, en Europe et en Asie. Il insiste toutefois sur une action diplomatique centrée sur l’équilibre, la souveraineté et la réciprocité. Sans provocation mais avec fermeté, le Roi a rappelé aux uns et aux autres que le Maroc ne cède ni sa politique ni ses principes.

Message aux institutions publiques: efficacité, proximité et exemplarité

Dans son allocution de mardi, le Souverain s’est adressé directement aux institutions publiques. Bien qu’il ne les ait pas nommées, il a expliqué qu’un État rigoureux, transparent et au service de l’intérêt général est seul à même de maintenir la confiance des citoyens. Il a mis en garde contre l’inertie bureaucratique et l’inefficacité de la gouvernance locale, prônant l' »assainissement de l’action publique ».

Une monarchie active, une population en mouvement

Le discours du Trône de 2025 s’inscrit dans une continuité claire : celle d’un Roi attentif aux évolutions de son pays, mais attaché à des repères stables – justice, dignité, unité nationale. Il ne s’agissait pas d’un discours d’autosatisfaction ou d’un programme électoral, mais d’une parole souveraine visant à indiquer la voie, à inspirer et à définir les paramètres d’un contrat renouvelé entre l’État et la société.

En résumé, Mohammed VI fait de la monarchie marocaine un centre d’élaboration intellectuelle, de médiation et de réforme. Dans une époque de fractures, le Maroc trouve dans les propos de son Roi un phare, une cohérence et un souffle nouveau.

Comme chaque année, le discours de la Fête du Trône agit comme un révélateur. Non seulement des priorités du Royaume, mais aussi de la manière dont le Souverain lit le temps présent et envisage l’avenir. Cette édition 2025, marquant les 26 ans de règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a de nouveau conjugué lucidité nationale et hauteur stratégique. Entre le besoin impérieux de justice sociale, la centralité de la jeunesse, l’efficacité de l’État, et un appel appuyé au voisinage algérien, le discours royal trace les lignes d’un Maroc résolu, mais toujours tendu vers la paix.

Une parole de vérité sur l’emploi

Le Roi n’a pas contourné les sujets sensibles. L’emploi, ou plutôt son insuffisance, pour répondre aux besoins d’une jeunesse nombreuse et qualifiée, a été placé au centre du projet royal. Le diagnostic est sans ambiguïté : malgré de multiples créations d’emplois – l’industrie automobile, les énergies renouvelables, ou encore l’ère numérique –, les fruits de l’amélioration économique ne se répartissent pas de façon égale. Beaucoup de jeunes peinent à trouver un emploi qui soit digne, sûr et en ligne avec leurs qualifications.

Mohammed VI préconise un changement de paradigme : dans l’optique des emplois, la croissance ne peut être considérée comme une espèce de retombée fortuite. Car elle devrait être un objectif stratégique à part entière. En conséquence, une partie de sa force porte sur la réorientation des pouvoirs publics en direction des petites et moyennes entreprises, d’une économie sociale, du retour en campagne pour l’emploi. Le financement est très simplifié: porte d’accès direct à la plupart des passes prénatales en nouvelles technologies directs et pour portée soutenue.

Le Roi a rappelé que l’emploi, en particulier des jeunes, n’est pas un luxe mais une condition de stabilité nationale et de vitalité démocratique. Il a invité à « libérer les énergies » de la jeunesse, non pas en les encadrant de manière verticale, mais en les accompagnant avec confiance et vision.

Une main tendue à l’Algérie, encore et toujours

Dans ce même souffle lucide et serein, le Souverain a renouvelé un message devenu récurrent ces dernières années : l’appel au dépassement du froid diplomatique avec l’Algérie. Dans un passage à la fois sobre et chargé de sens, Mohammed VI a affirmé que « les liens entre les peuples du Maroc et de l’Algérie sont plus forts que les conjonctures, plus profonds que les différends politiques, et plus durables que les murs de silence ».

Il ne s’est pas livré à un discours de reproche. Pas de posture victimaire, ni de justification. Juste un rappel limpide : la main du Maroc reste tendue. Le dialogue n’est pas une faiblesse, mais une force ; la paix n’est pas une compromission, mais un choix de civilisation.

Dans un contexte régional sous tension, entre incertitudes sahéliennes, rivalités énergétiques et redéploiement des alliances, le Roi inscrit le Maroc dans une posture de responsabilité. Il invite l’Algérie à rompre le cercle stérile du malentendu, à renouer les fils du possible, et à redonner sens à une fraternité géographique et historique. Une invitation sans condition, mais avec conviction.

Cohérence intérieure et responsabilité régionale

Le discours 2025 n’a ainsi pas été celui d’un repli. Au contraire, il a proposé une architecture de la confiance, à plusieurs niveaux. Déjà, la confiance réitéré dans le peuple marocain, appelé à se projeter dans l’avenir avec dignité. Confiance dans la jeunesse, désignée comme levier décisif de transformation. Confiance dans la région maghrébine, qui, malgré ses blocages, recèle toujours un potentiel d’unité et de coopération.

Le Roi, fidèle à sa posture institutionnelle, ne s’est pas contenté d’énoncer des ambitions. Il a fixé des lignes claires : emploi, cohésion territoriale, diplomatie de responsabilité, réforme de l’administration. Il a aussi lancé des signaux : aux institutions, pour qu’elles accélèrent ; aux partenaires, pour qu’ils s’alignent sur les valeurs de respect et de réciprocité ; aux citoyens, pour qu’ils croient en leur propre capacité d’agir


Discours Royal à l’occasion de la Fête du Trône – 30 juillet 2025

Un serment de fidélité renouvelé

« Cher peuple, »

La Fête du Trône est chaque année l’occasion renouvelée pour nous de venir exprimer nos sentiments d’allégeance mutualiste les uns envers les autres, fondés sur l’affection, l’amour, la fidélité et la loyauté — des sentiments que le temps ne fait que renforcer et solidifier davantage.

Elle nous donne également la possibilité de consulter l’état de notre Nation : de mesurer ce que nous avons réalisé jusqu’ici, de comprendre les projets et les défis auxquels nous devrons faire face, et ceux qu’il faudrait aborder dans un avenir proche avec une sérénité et une assurance nouvelles et renforcées.

Bâtir un Maroc avancé, unifié et solidaire

Depuis que nous avons accédé à la dignité du Trône, nous mettons tout en œuvre pour bâtir un Maroc avancé, unifié et solidaire, en donnant la priorité au développement global, économique et humain, et au rayonnement de notre pays au sein de l’ensemble du Novus Ordre Sa.

Les progrès ont été réalisés dans notre pays seulement parce qu’ils ont été basés sur une stratégie de long terme, non sur des circonstances inattendues, et ont été possibles et solides grâce à notre concierge politique et institutionnelle.

Basés sur cette base solide, nous avons renforcé les fondations du développement économique et social selon les orientations données dans le cadre du Nouveau Modèle de Développement : une économie concurrentielle, diversifiée et ouverte, dans le respect des équilibres macroéconomiques et financiers.

Renaissance industrielle et partenariats stratégiques

Malgré les années de sécheresse, et les crises internationales aggravées, l’économie marocaine a préservé un rythme de croissance élevé et soutenu durant ces années.

L’industrie connaît aujourd’hui une véritable renaissance. Les exportations ont nettement doublé depuis 2014. En fait, j’avertis que nous avons triplé la part de l’industrie du Royaume dans les ateliers mondiaux.

Grâce à ces orientations stratégiques, les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, des énergies renouvelables, de l’agroalimentaire et du tourisme sont devenus des moteurs de croissance au niveau des investissements et de la création d’emplois.

En effet, le Maroc émergent se distingue par la diversité et la multiplicité de ses partenaires. Terre d’investissement, partenaire sûr et solidaire, l’économie marocaine est aujourd’hui connectée à près de trois milliards de consommateurs à travers le monde, à travers des accords de libre-échange avec plusieurs pays.

Infrastructures modernes et projets stratégiques

De plus, le Maroc dispose d’infrastructures solides, modernes et fiables, aux normes internationales.

Pour conforter ces acquis, nous avons récemment lancé l’extension de la ligne de TGV entre Kénitra et Marrakech, ainsi que plusieurs projets majeurs dans le domaine de la sécurité hydrique, de la souveraineté alimentaire et énergétique du pays.


Une croissance au service du citoyen

« Cher peuple, »

Tu sais parfaitement que, quoique puisse être le stade du développement économique ou des infrastructures atteint, je ne puisse me satisfaire s’il n’était pas de fait accompagné et retrouvé par une grande amélioration visible et palpable de la condition de vie concrète de tous les citoyens, et de tout citoyen, de toutes les villes et régions, de toute frange sociale.

C’est pourquoi nous accordons toujours un grand intérêt à la promotion du développement humain, à la généralisation de la protection sociale, et au soutien direct aux exclusivement bénéficiaires.

Indicateurs sociaux et transformation territoriale

Ainsi, le RGPH de 2024 vient mettre en avant plusieurs métamorphoses démographiques, sociales et spatiales que nous nous devons d’intégrer dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques.

Par conséquent, la pauvreté multidimensionnelle a considérablement reculé à l’échelle nationale, passant de 11,9 % en 2014 à 6,8 % en 2024.

Cette année, le Maroc a franchi le seuil de l’indice de développement humain pour devenir un pays de « développement humain élevé ».


Lutte contre les inégalités territoriales

« Chères citoyennes et chers citoyens, »

Certaines régions, notamment dans le monde rural, souffrent encore des maux de la pauvreté et de la précarité, faute d’infrastructures et de services de base.

Une telle réalité ne correspond ni à notre vision du Maroc d’aujourd’hui, ni à notre ambition de promouvoir la justice sociale et l’équité territoriale.

Aujourd’hui encore, et bien sûr demain, il n’y a plus de place pour un Maroc à deux vitesses.

Appel à une nouvelle approche territoriale

« Cher peuple, »

Pour cela, nous devons réellement aller plus loin dans la qualité de l’aménagement intégré de nos territoires et dans la correction des inégalités sociales et territoriales.

Nous n’avons plus le choix aujourd’hui de continuer sur la base des politiques de développement social traditionnel.

Dès lors, nous appelons à une nouvelle approche intégrée de développement territorial.

Notre ambition est claire : permettre à tous les citoyens, de tous les territoires, de profiter pleinement des fruits du progrès et du développement, sans exclusion ni discrimination.

Nouvelle génération de programmes territoriaux

Ainsi, j’ai orienté le gouvernement à adopter une nouvelle génération de programmes de développement territorial, reposant sur des principes de :

  • valorisation des spécificités locales,
  • affirmation de la régionalisation avancée,
  • complémentarité et solidarité entre territoires.

Ces programmes visent, par la mise en commun des interventions de tous les acteurs, des priorités claires et des projets concrets à fort impact, notamment :

  1. Promouvoir l’emploi, à travers des programmes de soutien aux potentialités économiques régionales et la promotion d’un climat favorable à l’initiative et à l’investissement local ;
  2. Renforcer les services sociaux de proximité, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la dignité des citoyens, et veiller à l’équité territoriale à travers une répartition équitable ;
  3. Gérer rationnellement et préventivement les ressources hydriques, face à la rareté croissante de l’eau et au changement climatique ;
  4. Promouvoir l’aménagement du territoire intégré, pour plus de cohérence avec les projets structurants nationaux.

En préparation des élections législatives

 » Cher peuple, »

Nous sommes à moins d’un an des élections législatives, qui, à leur échéance constitutionnelle et légale, devront se tenir.

Dans ce contexte, il convient de souligner l’urgence de la finalisation du dispositif organisant les élections à la Chambre des Représentants, et ce avant la fin de cette année.

À cette fin, nous avons donné nos hautes instructions au Ministre de l’Intérieur pour veiller à une bonne préparation des prochaines élections, et avons initié des concertations politiques à ce sujet avec l’ensemble des parties concernées.

La main tendue à l’Algérie

« Cher peuple, »

En outre, alors que nous cherchons à consolider la position du Maroc en tant que pays émergent, nous réitérons que nous resterons pleinement ouverts sur notre environnement régional, et en particulier à l’égard de notre voisinage immédiat et du peuple frère d’Algérie.

En tant que Roi du Maroc, ma position sur cette question est claire et constante : le peuple algérien est un peuple frère avec lequel le peuple marocain est lié à travers des relations humaines, historiques, linguistiques, religieuses et géographiques ainsi qu’un destin commun.

J’ai toujours tendu la main à nos frères en Algérie, tout en indiquant la disposition du Maroc à un dialogue franc et responsable, sincère et fraternel, sur toutes les questions en suspens entre les deux pays.

Notre position sur ce sujet est dictée par notre foi en l’unité de nos deux peuples et de notre capacité mutuelle à surmonter la position actuelle, et notre foi est inébranlable.

Attachement au Maghreb et soutien international

Je tiens à préciser que notre attachement à cette main tendue est complémentaire à notre attachement à l’Union du Maghreb, une organisation que nous considérons comme essentielle à notre avenir, tout comme celui de l’Algérie et de nos autres frères dans la région, et dont je persiste à croire que sa création est notre devoir collectif.

Par ailleurs, nous nous félicitons du soutien international croissant à l’initiative marocaine d’autonomie en tant que seule option sérieuse pour résoudre le conflit sur le Sahara marocain.

À cet égard, nous exprimons notre profonde reconnaissance au Royaume-Uni et à la République du Portugal pour leur position constructive à l’appui de l’autonomie dans le cadre de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur ses provinces du Sud.

Hommages aux forces de sécurité et aux martyrs

« Cher peuple, »

Au moment où nous célébrons l’Aïd Al-‚Arch, je souhaite exprimer ma fierté et ma gratitude à l’égard de l’ensemble des composantes de nos Forces Armées Royales, de la Gendarmerie Royale, de l’Administration Territoriale, de la Sûreté Nationale, des Forces Auxiliaires et de la Protection Civile, pour leur exemplaire dévouement et leur engagement continu sous mon commandement pour assurer l’unité, la sécurité et la stabilité de notre pays.

Je tiens également à rendre hommage, avec vénération, à la mémoire des martyrs de la Nation, au premier rang desquels nos augustes aïeuls, Leurs Majestés les Rois Mohammed V et Hassan II — que Dieu les entoure de Sa miséricorde.


Lire le Discours en Arabe


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